Mon travail est actuellement marqué par un thème principal : la curiosité. Il constitue le fil conducteur entre mes différents travaux et fait souvent office de questionnement originel qui me pousse à me pencher sur un sujet. Je m’interroge sur les notions de créativité, de curiosité, de création et sur la part de contrôle que nous avons lorsque nous produisons quelque chose.
Ces interrogations m’ont mené dans un premier temps à questionner la place des outils (surtout informatique) et des automatisations dans la création d’image. Ces travaux et mes premières expositions ont fini par amener une nouvelle dimension à mes interrogations : quelle est la place du spectateur dans tout ça ?
Lors de ma première exposition, j’ai été étonné de voir à quel point le spectateur peut s’approprier une production, l’analyser à travers le prisme de sa subjectivité pour en tirer une conclusion et un jugement qui lui sont propre. Il apparaissait alors que le regardeur terminait l’œuvre, la complétait, et que finalement ce que j’ai voulu insuffler dans l’œuvre n’appartenait qu’à moi.
C’est donc tout naturellement que je suis allé photographier les observateurs directement sur le terrain. Depuis la fin de l’année 2019, mes sorties muséales visent à observer les gens et la façon dont ils vont consommer et s’approprier les œuvres. Je m’intéresse à l’interaction entre le spectateur et l’œuvre qu’il observe – cet instant durant lequel le regardeur, grâce à sa subjectivité, complète l’objet d’art devant lui – ou plus généralement à la façon dont le public consomme le musée.
Du fait du contexte actuel très particulier, ce projet a pris une profondeur supplémentaire. Ce qui avant se concentrait sur une scène normale, presque banale de la vie, se retrouve maintenant teinté de nostalgie et de manque. On se rend compte que ce que l’on prenait pour acquis, l’accès à la culture et la visite de musée, peut se perdre bien plus vite qu’on ne le pense. Ce projet de recherche ayant commencé bien avant le confinement, n’avait pas pour but de témoigner du banal. Bien sûr, le contexte ayant changé, il m’est impossible d’ignorer le fait que le « banal » d’avant ne l’est plus. La présence de masques sur le visage des gens ancre indéniablement ce projet dans la période que nous traversons. Il devient, malgré lui, témoin de cette crise sanitaire historique.

Musée visible dans ces images :
- Musée Würth Erstein
- Musée d'Orsay Paris
- Centre Pompidou Metz
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